Présentation de Simin devant amis et collaborateurs lors du lancement de son livre au Musée Victoria & Albert à Londres le 26 septembre, 2018
Bonsoir, Mesdames et Messieurs,
Merci à tous d’être venus vous joindre à nous. J’aimerais raconter brièvement la genèse de ce livre et la raison pour laquelle j’ai éprouvé un besoin pressant de l’écrire.
Comment une mère peut-elle imaginer se retrouver dans une telle situation ? Et pourquoi ?
C’est la question que je me suis posée quand je me suis tenue adressée à un public comme celui-ci lors de la création de la Fondation Zhubin un an après la mort de mon fils. Il s’agit d’une œuvre de bienfaisance mise sur pied par mon frère bien aimé, Ali, et mon mari Zyg. La douleur demeurait aiguë. J’étais désorientée et perdue.
Ce soir, quinze ans plus tard, quand je me pose la même question, la réponse se trouve dans le sentiment de joie qui habite mon cœur et dans mon souhait d’aller de l’avant. Il est non seulement possible de subir une telle douleur, mais aussi de grandir. Depuis le décès de mon fils, mon parcours a été ponctué d’une abondance de défis inattendus, mais je constate maintenant qu’il a été fructueux. J’adore le cheminement que j’ai fait.
Je vis ce soir un des moments marquants de mon existence, un moment qui aurait été impossible sans l’aide à la fois de l’Univers et de l’esprit de mon fils. Il aurait été impensable sans le dévouement de mon mari qui a toujours été prêt à m’aider quand j’en ai besoin.
Cette soirée n’aurait pas été imaginable non plus sans Jill Martis, mon amie, mon ange gardien et ma voisine depuis vingt ans qui m’accompagne depuis les premiers instants. Elle est d’ailleurs ici ce soir avec son mari Xeno. Elle est venue de Montréal pour partager avec moi la dernière étape de mon rêve magique. Je crois que la main de l’Univers m’a déposée auprès de Jill il y a vingt ans pour m’aider à surmonter ce qui m’attendait sur ma route.
Je ne suis jamais seule. J’ai le privilège d’être entourée de nombreux amis bienveillants qui me soutiennent. C’est mon frère Ali qui m’a présentée à madame Jane Lawson du musée Victoria and Albert de Londres. Jane m’a ensuite fait rencontrer Phil Allison et sa talentueuse équipe chez CultureShock.
Ce livre ne traite pas de perte, de deuil, de tristesse ou de douleur, même si j’ai dû subir toutes ces épreuves lorsque mon fils unique, Zhubin, s’est enlevé à vie à vingt et un ans.
Ce livre est plutôt un récit de foi, d’espoir et de quête de paix intérieure.
C’est la certitude que tout va bien.
Il traite du parcours pour retrouver son intégrité.
Mon fils Zhubin souffrait d’un trouble du sommeil extrême, très rare et complexe, qui a entraîné de graves problèmes de santé. Chaque jour je me demandais comment il pouvait endurer une telle douleur et, quand je pense à sa vie, je me demande encore comment il est passé à travers. Malgré son amour de la vie, sa foi profonde, son courage et son espoir, son geste final pour mettre fin à ses souffrances n’a pas été une décision impulsive. Il y avait longuement réfléchi et d’une manière personnelle toute spéciale, il a essayé de m’y préparer du mieux qu’il pouvait.
Je pensais que je ne pourrais jamais survivre à une telle douleur, mais la douceur de Zhubin et son amour pour tout, sa façon de penser à la vie et les textes qu’il m’a laissés ont été la lumière qui m’a guidée, une inspiration et ma raison de vivre. C’est la raison d’être de la fondation et, aujourd’hui, de ce livre.
Zhubin a écrit :
Maman,
Tu pourras vivre sans moi. Vis ton destin comme j’ai vécu le mien.
Les traumatismes, la perte, l’incompréhension, le chagrin, la solitude… tout ça fait partie de la vie.
Accepte toutes ces épreuves sans te poser de questions.
Promets-moi de faire tout ce que je voudrais faire, mais ne peux pas faire.
Aide tout le monde.
Ouvre la porte aux autres.
Fais éclore les fleurs partout où tu passes.
Sème la vie avec amour.
Fais de ta vie un exemple.
La douleur peut nous construire ou nous détruire.
Ne te laisse pas détruire.
Aie du courage. Aie un but. Dévoue-toi avec intelligence.
Regarde devant toi et avance.
Ça devrait être ta mission.
Une vie sans but est vide.
Ne sois pas triste qu’une vie soit terminée. Réjouis-toi d’avoir eu le privilège de l’avoir côtoyée.
Sois ma voix et répands mes paroles.
Aie confiance en moi. Aie confiance en ton cœur. Sois libre, maman.
C’est mon vœu le plus sincère que ce livre et les mots de Zhubin apportent de l’espoir et de l’inspiration aux parents en deuil et à tous ceux qui souffrent.
J’ignore qui va lire ce livre et combien de cœurs il pourra toucher. Mais s’il aide ne serait-ce qu’un seul parent, j’aurai réussi ma mission de vie et j’éprouverai un sentiment d’accomplissement.
Comme Zhubin l’a écrit, je crois maintenant ceci :
Ne minimise jamais les relations. Elles sont emmêlées les unes aux autres. Il y a un attachement, comme les racines ancrées dans le sol. Tout comporte des milliers de liens et ces liens sont ce qui nous constitue. Nous sommes tous interreliés de multiples façons. Nous ne nous séparons jamais tout à fait.
Zhubin m’a enseigné à tout voir avec les yeux de l’amour, mais surtout, à avoir foi dans l’Inconnu.
Alors ce soir, Zhubin mon amour, je peux te dire que j’ai tenu ma promesse et que je poursuivrai la mission de la fondation qui porte ton nom. Je sais au fond de mon cœur et de mon âme que tu tiendras ta promesse et que tu viendras à moi lorsque le moment viendra.
Ton nom n’a jamais quitté mes lèvres.
Tes mots n’ont jamais quitté mon esprit.
Ton amour n’a jamais quitté mon cœur.
C’est toi qui le fais battre.
Merci à vous tous de partager mon rêve. Je vous aime. Que Dieu vous bénisse.