Présentation de Simin devant les amis et collaborateurs
dans le cadre de l’inauguration du 12 octobre 2004
Chers amis,
Je veux partager avec vous quelques-unes des raisons qui font que nous sommes tous réunis ici, ce soir.
Cette soirée représente le point culminant de ma vie. Sans l’aide de Dieu et de l’esprit de mon fils, cette soirée n’aurait toutefois pas lieu. Sans l’aide bienveillante de mon frère Ali, l’amour et la générosité qu’il a démontrés et démontre toujours pour mon fils Zhubin, cette soirée n’aurait pas lieu. C’était le souhait d’Ali d’honorer la mémoire de Zhubin en créant cette fondation. Cette soirée n’aurait pas lieu sans la dévotion et le travail acharné de mon mari, Zyg. Il est resté droit et fort à mes côtés durant toutes ces années éprouvantes. Enfin, cet événement n’aurait pas lieu non plus sans l’amour et le dévouement de chacun des membres du conseil de la Fondation, née de la collaboration et de la compassion de tous.
Zhubin a souffert d’un très sévère trouble du sommeil qui a entraîné d’autres problèmes, notamment de graves maux de tête. À chaque jour, je me demandais comment il pouvait endurer cette souffrance, et je me le demande encore – même s’il aimait la vie, malgré sa grande foi, son courage et son espoir. Sa décision finale n’a pas été prise à l’improviste; il l’a longuement mûrie. Au cours des deux derniers mois de sa vie, il a tenté, autant qu’il l’a pu et à sa manière, de me préparer à son départ.
Je me rappelle cet après-midi froid, au bord du foyer, lorsqu’il m’a parlé de mettre fin à ses jours. Il était vraiment déterminé, tout en étant très préoccupé pour moi et les êtres chers qu’il allait laisser derrière lui. Avec toute sa gentillesse, il a essayé de me faire comprendre son geste : nous avions tout essayé, nous étions au bout du rouleau, il n’y avait pas de cure et tous nous le savions, même si nos cours ne voulaient pas voir la réalité en face Il m’a alors demandé de lui donner ma bénédiction. En le regardant dans les yeux, et en ressentant sa souffrance, avec chaque cellule de mon corps, je savais qu’il ne reviendrait pas sur sa décision. C’est dans un torrent de larmes et le coeur brisé que je lui ai donné ma bénédiction et lui ai souhaité la paix dont il rêvait tant – mais une mère ne baisse pas les bras, elle a toujours espoir et continue à se battre.
Il n’avait que 21 ans…
Voici quelques paroles que m’a dites Zhubin:
- Il y aura encore une vie à vivre après mon départ.
- Promets d’accomplir ce que moi je ne peux accomplir.
- Apporte ton aide aux autres.
- Ouvre la porte aux autres.
- Fais éclore les fleurs sur ton passage.
- Sème un champ d’amour autour de toi.
- Laisse ta vie devenir un exemple pour les autres.
- Tente de ne jamais t’apitoyer sur ton sort.
- Aie un cour vaillant.
- Regarde en avant et fonce.
- Cela doit être ton but dans la vie.
- Une vie sans but est une vie qui n’a pas de sens.
Je croyais ne jamais pouvoir surmonter cette perte. Mais la gentillesse de Zhubin, son amour pour autrui, sa façon de voir la vie et ses paroles m’ont servi de phare et sont une source d’inspiration pour la création de cette fondation. Je ne suis pas seule sur cette route. Dieu m’a donné un mari attentif et aidant, une famille remplie d’amour et beaucoup de vrais amis, les anciens comme les nouveaux. Binny et Ravi – je n’oublierai jamais votre bienveillance et votre ouverture de cour. Je n’oublie aucun mot ni aucune étreinte qui m’ont apporté courage et réconfort. Ils sont tous gravés dans mon cour.
La maladie de mon fils, et ensuite sa perte, mon fait prendre conscience de ce qu’est le véritable amour :
- Aimer, c’est donner sans penser à soi-même et garder la foi dans les chemins les plus arides.
- Aimer, c’est avoir du courage, être confiant et demeurer fidèle.
- Aimer, c’est accompagner chaque mot, chaque pensée et chaque geste de bonté.
- Aimer, c’est être compréhensif, peu importe les résultats.
- Aimer, c’est à la fois doux et souffrant.
L’amour est la pierre angulaire de cette fondation caritative. Celle-ci a été créée de façon authentique, à partir d’une histoire vraie. Zyg et moi avons fait de cette fondation notre mission. La détresse et la douleur que nous avons vécues vont au-delà de ce qu’un être humain peut endurer. Aucun parent, ni aucun enfant ne devrait avoir à passer par là. Nous nous efforcerons de suivre les paroles que m’a dites Zhubin : faire le bien autour de nous et nous assurer que chaque effort et chaque dollar amassé sera consacré à la bonne cause, aux familles dans le besoin. Je ne sais pas combien de portes nous pourrons ouvrir, ni de quelle taille elles seront, mais je prends Dieu à témoin, nous ferons tout notre possible.
Je suis bénie d’avoir Adam, le fils de mon mari, que je considère comme mon deuxième fils. Il a beaucoup aimé Zhubin – et j’ose dire plus qu’un vrai frère ne le ferait. J’espère qu’Adam nous aidera, Zyg et moi, à tenir le phare et à garder la porte toute grande ouverte.
On m’a dit que les prières d’une mère éplorée par le deuil sont des plus pures. Je ne sais pas si c’est le cas des miennes, mais sachez que vous êtes tous dans mon cour et dans mes prières.
Je vous remercie sincèrement de partager cette soirée extraordinaire avec moi.
Alors, ce soir, mon fils adoré, je peux te dire que j’ai tenu ma promesse, et ce n’est que le début. Je sais, au plus profond de mon âme, que tu tiendras aussi ta promesse et que tu seras à mes côtés, mon heure venue, pour que nous puissions être ensemble à jamais.
Je vous aime tous. Que Dieu vous bénisse. Merci.
Simin Sarikhani